ParallĂšlementĂ ces processus, il existe un autre phĂ©nomĂšne, qui repose sur le dĂ©veloppement inĂ©gal qui caractĂ©rise lâexpansion capitaliste en Chine. Examinons un exemple remarquable. En 1987, un officier supĂ©rieur de lâarmĂ©e, Ren Zhengfei, a créé Huawei, et ce nâest pas une simple coĂŻncidence, Ă©galement Ă Shenzen. En
Curieux empire que la Chine qui tout en vendant Ă lâextĂ©rieur la grandeur de sa civilisation prestigieuse et lointaine passe son temps Ă lâeffacer. Aucun pays au monde nâa dĂ©truit son patrimoine comme la Chine, explique Anne Cheng, sinologue et professeur au CollĂšge de France. Aujourdâhui, on assiste Ă une Disneylandisation » du pays. En mĂȘme temps que lâon reconstruit des temples en ciment, on rĂ©invente une mythologieâŠ/âŠTout devient mythique. Le passĂ© est un Ăąge dâor, lâavenir, une science-fiction » Itw. Science et Avenir. Lâintention Ă©tant, en sâappuyant sur le rĂ©cit impĂ©rial de lâunitĂ© nationale, de prĂ©server le pays des divisions ethniques et sociales. Le rĂ©gime en place qui bĂ©tonne une identitĂ© mythique par lâaffichage de sa prospĂ©ritĂ©, oublie que les nations qui vantent artificiellement leur unitĂ© ne font pas long feu. La Chine dâaujourdâhui se maintient pour lâessentiel par lâillusion assez convaincante de sa supĂ©rioritĂ© sur les dĂ©mocraties instables de lâOccident et lâignorance quâont les nouvelles gĂ©nĂ©rations de lâhistoire de leur pays. La rĂ©volution culturelle, les massacres de Mao, Tien An Men, connais pas ! A force de rĂ©primer toute vellĂ©itĂ© de savoir et dâexpression, lâempereur stalinien de Chine a rĂ©duit toute capacitĂ© crĂ©ative. Le culte de la personnalitĂ© Câest parce que les nuages sâamoncellent que le dragon chinois serre les rangs autour du culte de la personnalitĂ© de Xi Jinping. Aucun leader au monde ne semble rivaliser dâautoritĂ© avec le leader du parti communiste. La vile ignorance de lâex-prĂ©sident Donald Trump, les pitreries foutraques de Boris Johnson, la pusillanimitĂ© des chefs de gouvernement europĂ©ens, et le mutisme cauteleux de Vladimir Poutine, occupĂ© Ă jouer sa carte en Syrie et en Libye, tous sont disqualifiĂ©s face Ă la volontĂ© de puissance des maĂźtres de lâEmpire du milieu. Le sphinx de PĂ©kin concentre plus de pouvoirs que nâen a jamais eus un leader chinois depuis Mao Tse Toung. Il a notamment vigoureusement consolidĂ© lâemprise du Parti communiste sur la vie des affaires et fait la chasse aux milliardaires qui le gĂȘnent. Son Ăšre tranche nettement avec la pĂ©riode dâouverture Ă lâOccident des annĂ©es Deng Xiaoping. RĂ©volu le temps des rĂ©formes et de lâautoritarisme consultatif des Zhao Ziyang et Hu Jintao 2002-2012. Sur le plan politique, le rĂ©gime est dominĂ© par un capitalisme dâEtat, qui absorbe prĂšs de la moitiĂ© du PIB, gĂ©nĂ©rant de lâinjustice et de la corruption. Le rĂ©gime communiste Ă©puise ses ressources, rĂ©prime les libertĂ©s fondamentales pourtant indispensables au progrĂšs des pays et maintient le pays sous surveillance, un systĂšme construit sur la peur, dont Taiwan, aprĂšs Hong Kong et le Tibet, risque de faire les frais. Xi Jinping nâa-t-il pas rappelĂ© le principe dâune seule Chine », proclamĂ© quatre dĂ©cennies plus tĂŽt Ă lâĂ©gard de TaĂŻwan. La crise de Hong Kong, la rĂ©pression des minoritĂ©s OuĂŻghours, TibĂ©tains, MongolsâŠ, les disparitions et les peines capitales prononcĂ©s contre les oligarques accusĂ©s de trahison ou corruption, lâoffensive contre les ONG, les minoritĂ©s religieuses, une cyber-surveillance orwellienne, la lutte contre la pollution spirituelle Ă©trangĂšre », le contrĂŽle sur lâenseignement et sur le dĂ©bat public, la fuite des cerveaux, le bilan humain est tristement Ă©levĂ©. Des signes faibles » ne laissent de faire rĂ©flĂ©chir sur lâĂ©quilibre moral, social et Ă©conomique du systĂšme. 2/3 des condamnations Ă mort sur terre sont exĂ©cutĂ©es dans lâEmpire cĂ©leste. Appliquant un contrĂŽle rigoureux de la sociĂ©tĂ© et un pouvoir personnel sans limites, Xi JinPing ne cache pas ses ambitions devenir le maĂźtre du monde. Mais en affichant la menace, il ne prend plus la peine de cacher son jeu. Le risque est que la Chine dĂ©veloppe une sorte de plouto-communisme, avec une concentration de la propriĂ©tĂ© privĂ©e plus forte que dans les pays capitalistes, le tout tenu par un Parti communiste unique » signale lâĂ©conomiste Thomas Piketty. Sans libertĂ© de conscience, sans propriĂ©tĂ© privĂ©e, sans libertĂ© dâexpression et sans libertĂ© dâinnovation, il ne peut pas y avoir de dĂ©veloppement harmonieux dâune Chine qui serait exemplaire. Comme tous les dictateurs sĂ»rs dâeux et protĂ©gĂ©s par leur entourage, Xi JinPing perd conscience de la vĂ©ritable situation de son pays. Il se maintient au pouvoir avec des mĂ©thodes staliniennes plus que maoĂŻstes, en imposant un ensemble de sanctions sĂ©vĂšres permettant de sâassurer la loyautĂ© des citoyens. Un de ses modĂšles Han Fei 279 ?-233 av. le fondateur de lâĂ©cole lĂ©galiste qui a thĂ©orisĂ© la loi comme moyen de brider les sujets. Comment dans un pays oĂč la dĂ©mocratie est absente, oĂč il nây a pas de possibilitĂ© de dĂ©bat, ni de discussion contradictoire, les esprits peuvent-ils sâĂ©clairer? Bref, la fiĂšre assurance de Xi JinPing et son intelligence des situations paraissent avoir des limites. Le systĂšme a ses failles. MalgrĂ© le contrĂŽle des sites internet par lâĂ©tat, et la surveillance des forums de discussions, des blogs et des mĂ©dias sociaux, les internautes citoyens chinois parviennent rĂ©guliĂšrement Ă surmonter la censure. Le rĂȘve chinois nâexiste pas Et si le mythe de la supĂ©rioritĂ© chinoise faisait long feu ? AprĂšs que lâopinion mondiale ait Ă©tĂ© longtemps subjuguĂ©e par les succĂšs commerciaux revendiquĂ©s par la Chine, il pourrait paraĂźtre surprenant de douter de sa victoire finale sur lâĂ©chiquier international. Et pourtant, la question mĂ©rite dâĂȘtre posĂ©e. Voyons les choses en face il nây a pas de chinese dream » comme il y a eu un american dream ». Le rĂȘve chinois, ce slogan politique lancĂ© en 2013 par Xi JinPing, en Ă©cho au rĂȘve amĂ©ricain, paraĂźt insipide au regard de la vie en Chine. Pour une simple raison la Chine ne pense ni le progrĂšs ni la fin de lâhistoire. Ce qui a longtemps caractĂ©risĂ© la Chine par rapport Ă lâOccident, câest Ă©videmment son extĂ©rioritĂ© civilisationnelle Ă lâĂ©gard de nos valeurs. A premiĂšre vue, lâidĂ©al communiste semble sâaccorder aux standards de la communication et de la consommation capitaliste, il est cependant freinĂ© par son appareil idĂ©ologique et son corsetage administratif. Depuis 70 ans, la Chine alterne ouverture et fermeture, cette fois-ci, le pays se trouve dans un Ă©tat de fermeture. Le paradoxe est que son communisme figĂ© ne peut sâaccorder plus longtemps avec un capitalisme dont elle veut porter le flambeau mondial mais dont elle refuse les rĂšgles. Par manque de clairvoyance dans le jeu des relations internationales, la Chine laisse passer la chance que lui promettait la stratĂ©gie militaire de contournement. . EmportĂ©e par son volontarisme, la Chine perd peu Ă peu pied avec ce passĂ© du temps des arts de la guerre et de lâintelligence des situations pour ne garder que son empreinte communiste. Bye bye Confucius. Lâesprit de conquĂȘte, avec la passion dâĂȘtre premier mondial » risque de ne plus voir en Confucius, quâune icĂŽne du passĂ©. LâimpĂ©rialisme mercantile signe en quelque sorte sa possible dĂ©chĂ©ance. Parce quâelle nâest plus dans la continuitĂ© confucĂ©enne mais bien dans la concurrence capitaliste, dans la croissance perpĂ©tuelle des objets factices, la pensĂ©e chinoise connaĂźt une crise de civilisation. Peu Ă peu, le pouvoir de PĂ©kin utilise les mĂȘmes armes que ses adversaires. Il abandonne ses classiques. Les nouveaux ambassadeurs de Chine ne sont plus de fins diplomates qui Ă©coutent et agissent au moment opportun. Ils sont devenus des seigneurs de la guerre â on les appelle les loups combattants » â qui provoquent et pratiquent lâintimidation avec qui nâest pas dâaccord. Le pouvoir nâest plus aujourdâhui dans lâoblique, mais dans la rivalitĂ©, le face Ă face nationaliste et agressif. Il semble dĂ©sormais penser quâil nâest plus dans le temps long, mais dans le temps immĂ©diat. Cette inflexion stratĂ©gique, qui le fait endosser le costume du prĂ©dateur et dĂ©laisser lâhabit de la patience, risque de lui faire perdre sa sagesse et la stabilitĂ© de sa puissance. Aussi bien, le prĂ©dateur chinois semble-t-il oublier la roue qui tourne. Il nâa plus le temps. A force de vouloir dominer, Ă tout prix, utilisant les armes frontales des conquĂ©rants et des libĂ©raux, le Dragon devenu impatient et enrichi ne veut plus attendre. AprĂšs avoir Ă©tĂ© lent et mesurĂ©, sur la dĂ©fensive, nâest-il pas en train dâaller trop vite ? La poussĂ©e fulgurante de la Chine qui, en quelques dĂ©cennies, est passĂ©e du Moyen Ăge Ă lâhyper-modernitĂ© est trop rapide peut-ĂȘtre pour un pays qui a lâhabitude de la patience et de la durĂ©e. Mobile au plan Ă©conomique et si immobile au plan des mentalitĂ©s. Trop rapide, il a ratĂ© lâoccasion de prolonger lâesprit de rĂ©forme de Deng Tsio Ping. La Chine ne sait plus sâarrĂȘter et pĂšche par excĂšs de confiance. Cette fuite en avant dans lâexcĂšs est en passe de compromettre lâordre du milieu » chinois. La fable du paysan Song racontĂ© par le philosophe moraliste Mencius Ve siĂšcle av est Ă©loquente. Pour faciliter la croissance de ses lĂ©gumes, ce dernier tirait sur les pousses de son potager. A force de tirer, les cultures ont Ă©tĂ© dĂ©vastĂ©es. Mencius conclut de cette histoire quelques erreurs Ă Ă©viter celle de forcer sans tenir compte du processus en cours ; celle de nĂ©gliger de dĂ©fricher les mauvaises herbes pour garantir la fertilisation des plantes, celle de laisser faire le temps tout en intervenant Ă bon escient. Leçon de sagesse oubliĂ©e par la direction chinoise au moment prĂ©cis oĂč la voie est ouverte par la bouffonnerie du prĂ©sident amĂ©ricain, comme si les deux empires sâentendaient pour conjuguer leur dĂ©clin fautif dans un numĂ©ro de grimace Ă Washington et de masque Ă PĂ©kin. Lâ impatience capricieuse ruine les plus grands projets Parce quâelle voit grand et quâelle installe sa prĂ©sence sur plusieurs continents, la Chine suscite une mĂ©fiance accrue dans le monde. Elle fait peur. TaĂŻwan, Hong Kong, ne sont plus les seuls Ă sâeffrayer. LâAustralie, le Japon, le Viet Nam et dâautres pays sâinquiĂštent des vellĂ©itĂ©s impĂ©rialistes. Les litiges territoriaux en mer de Chine sont frĂ©quents. Les sous-marins achetĂ©s par Canberra Ă la France sâinscrivent dans cette volontĂ© de rĂ©sister Ă la pression du grand voisin. A lâĂ©vidence le modĂšle chinois ne rĂ©ussit pas Ă crĂ©er lâidĂ©e dâun rĂȘve de sociĂ©tĂ©, comme il y a eu un rĂȘve amĂ©ricain. Et dĂ©jĂ , le charme est rompu avec les partenaires commerciaux sous la coupe de PĂ©kin. La perception de la menace a remplacĂ© la fascination. Les partenaires commencent Ă sâinterroger les contrats seront-ils tenus, les normes respectĂ©es ? Le NigĂ©ria, principale forte chinoise en Afrique rĂ©clame 200 milliards de dollars de dĂ©dommagement Ă cause des dommages et des pertes humaines subies Ă lâoccasion de la pandĂ©mie. Bref, le tableau est loin dâĂȘtre brillant. Les laudateurs du miracle chinois sont peut-ĂȘtre en train de revoir leurs copies. Peut-ĂȘtre la Chine est elle en train de devenir premiĂšre Ă©conomie du monde mais saura-t-elle garder ce titre, sachant quâelle nâaura plus personne Ă copier? Trop confiante en sa force, elle sous-estime ses adversaires. Si le dĂ©clin de lâempire US est amorcĂ©, son ultralibĂ©ralisme est loin dâĂȘtre mort. Business as usual. Le nouveau prĂ©sident US Joe Biden est prĂȘt Ă retrousser les manches. Face aux menaces chinoises, il est temps dâassumer ses responsabilitĂ©s font entendre quelques chefs de gouvernement Angela Merkel, Emmanuel Macron. Une impatience capricieuse ruine les plus grands projets » dit la leçon de Confucius. Le rĂ©gime de Xi JinPing semble oublier ce conseil du vieux sage dont pourtant il se rĂ©clame et quâil a contribuĂ© Ă rĂ©habiliter. Son aventurisme politique pourrait signer son Ă©croulement. En gĂ©nĂ©ral, lorsquâils parviennent Ă un certain niveau de compĂ©titivitĂ©, les pays qui associent capitalisme et communisme doivent, pour poursuivre leur dĂ©veloppement, accorder des libertĂ©s individuelles et intĂ©grer une vision plus ouverte du futur. La mutation globale du pays dĂ©pend de la stabilitĂ© mondiale Ă long terme. Lâharmonie sociale est une condition premiĂšre Ă la stabilitĂ©. GĂ©rer une population massive nâest pas une sinĂ©cure. Mais ce sont des raisons nĂ©gatives, liĂ©es Ă leur histoire, le sentiment dâhumiliation, la pauvretĂ© et aujourdâhui le nationalisme, qui ont portĂ© le dynamisme chinois, rappelle François Jullien. Il leur faut dĂ©sormais trouver des raisons positives pour tenir la place hĂ©gĂ©monique Ă laquelle ils tendent. Or il est plus facile de suivre, dâĂȘtre second, que dâĂȘtre leader. Pour ĂȘtre leader, il faut modĂ©liser faire un plan pour mobiliser les volontĂ©s, ce qui ne va pas sans dĂ©mocratie » soutient ce dernier. Ainsi va lâEmpire du Milieu, oĂč la modernitĂ© la plus dĂ©bridĂ©e coexiste avec les mĂ©thodes et mentalitĂ©s les plus archaĂŻques. Lâabolition du temps se produit par la projection de lâhomme archaĂŻque dans le temps mythique des ĂȘtres exemplaires. Ces sociĂ©tĂ©s traditionnelles supportent mal lâhistoire. Leur mĂ©moire est anhistorique. Depuis le dernier siĂšcle le XXĂšme plusieurs dâentre elles sont rapidement entrĂ©s et on Ă©voluĂ© dans un monde historique dans lequel les contradictions internes amĂšnent Ă se poser dâimportantes questions sur leur avenir et, partant, sur lâavenir du monde. Ainsi peut se lire le paradoxe chinois, une sociĂ©tĂ© marquĂ©e par de nombreux archaĂŻsmes, empreinte des technologies sophistiquĂ©es, dirigĂ©es par un parti autoritaire, sous le ciel implacable du capitalisme mondial, mais hors du monde hĂ©gĂ©lien de lâhistoire. Soit une sociĂ©tĂ© absolutiste, hypermoderne et totalitaire. Pour triompher, il faut marcher sur ses deux jambes », comme disait le prĂ©sident Mao Tse Toung câest-Ă -dire Ă avancer la jambe occidentale de la nouvelle rĂ©volution technique tout en gardant appui sur lâautre, la jambe des traditions, des archaĂŻsmes et des mythes. Le juste milieu du sage chinois, câest de pouvoir faire aussi bien lâun que lâautre, en restant Ă©galement ouvert aux extrĂȘmes câest dans cet Ă©gal » quâest le milieu ». Ainsi va le totalitarisme high tech chinois oĂč lâon enseigne aux masses lâadoration de la Nouvelle RĂ©volution technique », tout en muselant les libertĂ©s quâelles procurent. La lecture de MircĂ©a Eliade nous apprend quâil y a un paradoxe des hommes des sociĂ©tĂ©s encore marquĂ©es par les traditions ils ne se voient comme vĂ©ritablement eux-mĂȘmes que quand ils cessent dâĂȘtre eux-mĂȘmes. Ils se reconnaissent comme rĂ©els que dans la mesure oĂč ils imitent et copient les autres. Ce faisant, leur temps devient immobile. Le monde traditionnel du temps immobile oĂč tout se rĂ©pĂšte est totalitaire. La bataille de la mer de Chine a commencĂ© Dans son essai Vers la guerre, la Chine et lâAmĂ©rique dans le piĂšge de Thucydide ? » Odile Jacob, 2019, Graham Allison, de lâuniversitĂ© dâHarvard, se penche sur seize rivalitĂ©s historiques entre une puissance Ă©mergente et une autre bien Ă©tablie, et rĂ©vĂšle que douze de ces oppositions ont menĂ© Ă la guerre. Un moment de vĂ©ritĂ© est en train de se dĂ©cider. Le paysage mondial pourrait ĂȘtre bouleversĂ© par lâattitude agressive de la Chine Ă lâĂ©gard de TaĂŻwan et du vent de libertĂ© venant de Hong Kong. Imaginez, Ă©crit Graham Allison, que PĂ©kin dĂ©cide dâĂ©craser militairement, comme il lâa fait Place Tiananmen, une nouvelle rĂ©volte dâĂ©tudiants Ă Hong Kong. Parmi les 32 millions dâhabitants de TaĂŻwan, oĂč le sentiment de solidaritĂ© est profond, lâĂ©motion serait intense. Dans tout le pays, on entendrait monter un appel populaire Ă fermer nettement toute perspective de rattachement Ă la Chine communiste. Et Ă proclamer lâindĂ©pendance de lâĂźle. Pour manifester son soutien Ă TaĂŻwan, imaginons que le prĂ©sident des Etats-Unis rappelle quâen vertu du Taiwan relations Act de 1979, son pays est tenu de dĂ©fendre TaĂŻwan contre une invasion ». Un scĂ©nario difficile Ă imaginer, mais pourtant pris en compte par les stratĂšges internationaux. Quand un pays ne dispose plus des ressources indispensables Ă son dĂ©veloppement, il va les chercher Ă en dehors, par le commerce ou bien, lorsquâil se sent en danger, par la guerre aux pays environnants, afin de sâapproprier leurs richesses. Exemple les nouvelles routes de la soie un moyen de faire main basse sur lâEurasie, et les investissements en Afrique, le moyen de sâapproprier les ressources. La question est de savoir comment le moment venu, PĂ©kin est Ă mĂȘme de mobiliser tout un peuple et capable militairement de se lancer dans un conflit mondial qui impliquerait lâInde, le Japon, le Viet Nam et par effet dâalliances, dâautres grandes puissances. Son lien avec la Russie, seconde puissance militaire mondiale, mais faible Ă©conomiquement â elle a le mĂȘme PIB que lâEspagne â permettrait Ă la Chine, puissance industrielle, de se rapprocher du but devenir le maĂźtre du monde ! Cette option nâest pas Ă lâordre du jour mĂȘme si des discussions internationales abordent ce sujet. Une chose est sĂ»re, les communistes chinois ne doutent de rien. Dans la pensĂ©e chinoise, douter câest dĂ©jĂ ne plus ĂȘtre en phase avec le cours des choses.
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1Les termes de stalinisme » et de stalinien » ont Ă©tĂ© appliquĂ©s Ă des rĂ©alitĂ©s multiples dont le point commun est dâavoir dĂ©pendu Ă divers degrĂ©s du pouvoir de Staline installĂ© en URSS du milieu des annĂ©es 1920 Ă sa mort le 5 mars 1953. LâURSS, bien entendu, a Ă©tĂ© stalinienne, avant dâexpĂ©rimenter la dĂ©stalinisation » inaugurĂ©e par Khrouchtchev en 1956. Les partis communistes en Occident et ailleurs, les intellectuels qui ont Ă©tĂ© proches dâeux, les dĂ©mocraties populaires aprĂšs la LibĂ©ration participent aussi Ă lâhistoire du stalinisme. Il y a certainement une idĂ©ologie stalinienne, distincte du lĂ©ninisme, du trotskisme, du maoĂŻsme⊠et de toutes les variantes des doctrines inspirĂ©es par la thĂ©orie et la pratique du pouvoir rĂ©volutionnaire par LĂ©nine aprĂšs 1917. Le stalinisme est donc une rĂ©alitĂ© massive dont les limites sont difficiles Ă Ă©tablir, mais oĂč la violence occupe Ă lâĂ©vidence une place URSS, Staline sâest toujours refusĂ© Ă utiliser officiellement le mot de stalinisme » pour dĂ©signer lâidĂ©ologie de son rĂ©gime il sâest au contraire prĂ©sentĂ© comme un marxiste-lĂ©niniste orthodoxe, le meilleur Ă©lĂšve de LĂ©nine, quâil a fait embaumer Ă sa mort en 1924. Cette filiation lui a permis dâasseoir sa lĂ©gitimitĂ© en tant que guide » de lâURSS et du mouvement communiste international au prix de la persĂ©cution de toute forme de dissidence idĂ©ologique. Au milieu des annĂ©es 1920, les polĂ©miques font rage pour dĂ©terminer la voie » que lâURSS doit prendre Staline prĂŽne le socialisme dans un seul pays » construit au moyen dâune rĂ©volution par le haut ». Mais le stalinisme hĂ©rite aussi de certaines des caractĂ©ristiques de LĂ©nine et du bolchevisme de la guerre civile, comme lâinterprĂ©tation de lâhistoire en termes de lutte des classes, la lĂ©gitimitĂ© indiscutable de la dictature du prolĂ©tariat » ou la primautĂ© absolue du Parti au sein duquel les fractions sont interdites. Le stalinisme ressemble donc davantage Ă une adaptation idĂ©ologique du lĂ©ninisme au programme de transformation sociale et industrielle de lâURSS quâĂ une doctrine nouvelle et autonome. 3Le Grand Tournant » lancĂ© par Staline en novembre 1929 inflige une sĂ©rie de chocs politiques et sociaux sans prĂ©cĂ©dent Ă une sociĂ©tĂ© soviĂ©tique encore marquĂ©e par la Grande Guerre et la guerre civile. Le stalinisme se prĂ©sente en effet comme un modĂšle de dĂ©veloppement. Il repose sur la primautĂ© de lâindustrie lourde, la planification et la centralisation du commandement Ă©conomique, la nationalisation de lâappareil de production et lâextension de la propriĂ©tĂ© socialiste », enfin la collectivisation de lâagriculture comme instrument de souverainetĂ© alimentaire. Il vise Ă faire de lâURSS une grande puissance grĂące Ă la construction dâun imposant complexe militaro-industriel. La Grande DĂ©pression puis la victoire sur le nazisme ont alimentĂ© le mythe de sa supĂ©rioritĂ©, qui est lâune des obsessions de la propagande stalinienne. Le quotidien est lui aussi lâobjet dâun investissement important du pouvoir, rĂ©sumĂ© dans la notion de kulâturnostâ. Elle dĂ©signe un ensemble de valeurs et de savoir-vivre Ă la soviĂ©tique », fortement teintĂ© dâhygiĂ©nisme et orientĂ© vers le progrĂšs », qui permettrait de sortir lâURSS de son arriĂ©ration asiatique » supposĂ©e. En rĂ©alitĂ©, ce systĂšme industriel centralisĂ© engendre une Ă©conomie de pĂ©nurie dont les traits sont bien connus files dâattente, marchĂ© noir, systĂšme D », nomenklatura privilĂ©giĂ©e, etc. Ă lâopposĂ© de ses ambitions promĂ©thĂ©ennes, le stalinisme est cet habitat terne et triste de lâhomo sovieticus rĂ©el que les successeurs de Staline nâont pas rĂ©ussi Ă et terreur4LâexpĂ©rimentation de ce modĂšle sur la sociĂ©tĂ© soviĂ©tique rĂ©vĂšle un caractĂšre fondamental du stalinisme celui-ci conçoit le social comme un champ dâexpĂ©rimentation livrĂ© Ă ses projets radicaux de rĂ©arrangement impulsĂ© par le centre ». Dans cette perspective, le Parti devient la force majeure du changement, face Ă une sociĂ©tĂ© et Ă des individus rĂ©tifs Ă ce remodelage contraint. La fabrique de lâennemi » fonctionne dĂšs lors Ă plein rĂ©gime du fait de son origine rĂ©volutionnaire, le pouvoir soviĂ©tique pourchasse les ennemis du passĂ© » ; son obsession de la production sâaccompagne de la criminalisation systĂ©matique des atteintes Ă la propriĂ©tĂ© socialiste » et des comportements dĂ©viants au travail ; en opposant abstraitement le producteur au propriĂ©taire, il Ă©rige le paysan en ennemi. Lâexportation ultĂ©rieure du modĂšle stalinien dans dâautres aires culturelles â en Asie, en AmĂ©rique latine â a provoquĂ© les mĂȘmes effets de la Chine Ă Cuba en passant par la CorĂ©e du Nord ou le Vietnam, lâuniversalitĂ© de sa dimension rĂ©pressive est un trait particuliĂšrement Ă©tonnant de lâhistoire globale de sa diffusion. 5La violence stalinienne puise Ă©galement ses causes dans le systĂšme de pouvoir constituĂ© autour de Staline. Le pouvoir stalinien est une dictature dans la dictature », selon lâexpression de lâhistorien amĂ©ricain Stephen Kotkin installĂ© au cĆur du rĂ©gime bolchevique mis en place pendant lâexpĂ©rience fondatrice de la guerre civile, Staline concentre progressivement tout le pouvoir entre ses mains et celles dâun petit cercle informel de staliniens. Son bureau du Kremlin devient le vĂ©ritable centre du pouvoir tandis que les rĂ©unions des instances nominales de direction Bureau politique, congrĂšs internationaux du Komintern sâespacent ou cessent. Une simple lettre manuscrite de Staline peut prendre valeur de dĂ©cret. Celui-ci participe personnellement Ă lâĂ©laboration de lâappareil rĂ©pressif de lâĂtat soviĂ©tique et Ă la destruction des solidaritĂ©s qui ne trouvent pas pour origine sa personne ou la politique quâil met en Ćuvre. Cette politique rĂ©pressive culmine avec la Grande Terreur qui aboutit en seize mois aoĂ»t 1937-novembre 1938 Ă un million et demi dâarrestations et plus de 680 000 exĂ©cutions. Les cĂ©lĂšbres procĂšs de Moscou 1936-1938, qui ont tant intriguĂ© les opinions publiques occidentales en raison des aveux de figures majeures du bolchevisme qui y sont condamnĂ©es Ă mort, ne sont Ă cet Ă©gard quâun Ă©vĂ©nement-Ă©cran » Nicolas Werth dressĂ© devant les rĂ©pressions secrĂštes de masse des annĂ©es 1930. Mise en Ćuvre par le NKVD [1], la Grande Terreur dĂ©montre la place centrale prise par la police politique dans le systĂšme stalinien. 6Cet immense crime dâĂtat nâest pas le seul Ă©pisode rĂ©pressif de masse de lâhistoire du stalinisme, mais ses logiques en rĂ©vĂšlent bien le fonctionnement. OrdonnĂ© par une sĂ©rie dâordres opĂ©rationnels et secrets venue du centre », il sâemballe localement en raison de la logique des quotas qui le rĂ©git le zĂšle des organes rĂ©pressifs entraĂźne des dĂ©passements » qui se traduisent, sur le terrain, par un arbitraire complet dans la dĂ©signation des catĂ©gories » dâennemis Ă dĂ©porter ou fusiller. Ă cette logique quasi-comptable, sâajoute Ă©galement lâexpĂ©rience rĂ©pressive cumulĂ©e par le systĂšme. La famine en Ukraine en 1932-1933, utilisĂ©e par Staline pour briser la rĂ©sistance des koulaks [2] » Ă la collectivisation, a Ă©tĂ© un seuil dĂ©terminant dans la pratique de la violence de masse. La Grande Terreur frappe massivement divers groupes nationaux Polonais, Allemands, etc. perçus comme dangereux dans lâĂ©ventualitĂ© dâun conflit avec lâURSS. Enfin, la guerre dâEspagne nourrit la crainte de cinquiĂšmes colonnes » et la peur obsidionale du trotskisme ». RĂ©fugiĂ© au Mexique, LĂ©on Trotski est assassinĂ© sur ordre de Staline en fĂ©vrier 1940. 7La dimension nationale de la Grande Terreur rĂ©vĂšle un dernier trait du stalinisme sa construction comme un Ătat fermĂ©, contrĂŽlant Ă©troitement la mobilitĂ© des individus dans et hors dâURSS. Un systĂšme de passeports intĂ©rieurs est mis en place, la libertĂ© des voyages » restreinte, lâaccueil des visiteurs Ă©trangers strictement encadrĂ©. La censure est aggravĂ©e par lâĂ©tatisation de tous les mĂ©dias et de lâindustrie du livre. Cette enclosure du territoire sous domination soviĂ©tique sâaccompagne du dĂ©ni de lâexistence des camps, dont le systĂšme, connu sous le nom de lâacronyme russe de Goulag, est un vĂ©ritable Ătat dans lâĂtat » stalinien vingt millions de prisonniers y passent jusquâĂ son dĂ©mantĂšlement partiel aprĂšs 1953. Cette fermeture nourrit enfin la peur du complot de lâĂ©tranger » et justifie lâextension indĂ©finie des compĂ©tences de la police et histoire8Le stalinisme nâest pas seulement un phĂ©nomĂšne soviĂ©tique. Ses pratiques et ses mots dâordre se sont diffusĂ©s au-delĂ des frontiĂšres de lâURSS. Les partis communistes occidentaux ont eu ainsi leur pĂ©riode stalinienne. Outre la pratique du secret et des purges rĂ©guliĂšres comme dans le PCF en 1931 ou la soumission du syndical au politique, qui est un hĂ©ritage de lâĂ©poque de LĂ©nine, le stalinisme sây reconnaĂźt surtout Ă la primautĂ© absolue du Parti, Ă la dĂ©fense de lâURSS patrie du socialisme » et Ă lâimportance cruciale accordĂ©e Ă la question des cadres ». Pour sâassurer de la conformitĂ© idĂ©ologique de ces permanents rĂ©munĂ©rĂ©s, les partis stalinisĂ©s sâappuient sur un appareil de formation et de contrĂŽle qui met lâaccent sur la discipline volontaire et les techniques de formation de soi, comme lâautocritique ou lâautobiographie â une opĂ©ration par laquelle un militant se raconte » par Ă©crit au Parti. Pour le PCF, la pĂ©riode stalinienne, dâune grande rigiditĂ© idĂ©ologique, est aussi marquĂ©e par ses plus grands succĂšs historiques, pendant le Front populaire ou Ă la LibĂ©ration. Le culte qui entoure Staline, codifiĂ© avec soin, sây est donc manifestĂ© avec une intensitĂ© particuliĂšre⊠jusquâau choc de la dĂ©stalinisation en 1956. On sourira de nous pour notre dĂ©vouement », devait ainsi Ă©crire le communiste Louis Aragon dans un poĂšme du Roman inachevĂ© en 1956. 9Avec le temps, le stalinisme a aussi fini par dĂ©signer la rigiditĂ© intellectuelle, lâarbitraire et lâabsence de libertĂ©, surtout en matiĂšre dâ ce passage dans le langage courant en a simplifiĂ© le sens Ă lâextrĂȘme, et le stalinisme y a perdu le sombre attrait qui fut le sien au XXe siĂšcle. Notes [1] Acronyme russe du Commissariat du peuple aux Affaires intĂ©rieures. DirigĂ© par G. Iagoda, N. Ejov puis L. Beria, il absorbe la police politique lors de sa crĂ©ation en 1934. [2] Ce terme dĂ©signe les paysans riches », mais les critĂšres qui dĂ©finissent cette richesse sont trĂšs vagues.
Stalinemeurt en 1953.En 1956, l'URSS et les pays d'Europe de l'Est commencent à rompre avec certains aspects du stalinisme.Cependant, aucune réforme idéologique du marxisme-léninisme
Carte mentaleĂlargissez votre recherche dans UniversalisLe projet stalinienLe projet stalinien rappelle, Ă certains Ă©gards, celui de Pierre le Grand un projet volontariste de dĂ©veloppement accĂ©lĂ©rĂ© sans premier objectif fixĂ© par Staline et son groupe, Ă la fin des annĂ©es 1920, est de faire de l' une grande puissance industrielle et militaire. La Russie a toujours Ă©tĂ© battue Ă cause de son retard, expliqua Staline dans un discours cĂ©lĂšbre 4 fĂ©vrier 1931. Nous retardons de cinquante Ă cent ans sur les pays avancĂ©s. Nous devons parcourir cette distance en dix ans. Ou nous le ferons ou nous serons broyĂ©s. »D'oĂč tirer le capital indispensable au financement de cette industrialisation accĂ©lĂ©rĂ©e ? D'une surexploitation des ouvriers, dont le salaire rĂ©el baisse de moitiĂ© au cours du Ier plan quinquennal 1928-1933. De prĂ©lĂšvements massifs, Ă des prix dĂ©risoires, de la production agricole. L'exportation de produits agricoles financera l'achat, Ă l'Ă©tranger, de biens d'Ă©quipement et de technologies indispensables Ă l'industrialisation. Cette accumulation socialiste primitive » suppose, naturellement, que les mĂ©canismes du marchĂ©, qui fonctionnaient vaille que vaille sous la aient Ă©tĂ© au prĂ©alable cassĂ©s, et que les paysans aient Ă©tĂ© regroupĂ©s dans des par Staline comme un processus de transformation socialiste de l'agriculture », la collectivisation des campagnes, lancĂ©e au dĂ©but de 1930, prend l'allure d'une vĂ©ritable guerre antipaysanne, face Ă la rĂ©sistance du monde rural qui voit dans cette politique une tentative de rĂ©instaurer un second servage ». Plus de deux millions et demi de paysans dĂ©portĂ©s ; six millions de paysans morts de faim lors de la grande famine de 1932-1933, directement imputable Ă la dĂ©sorganisation du cycle productif consĂ©cutive Ă la collectivisation ainsi qu'aux prĂ©lĂšvements dĂ©mesurĂ©s sur les premiĂšres rĂ©coltes des kolkhozes ; des centaines de milliers de paysans morts en dĂ©portation ; des centaines de milliers arrĂȘtĂ©s et envoyĂ©s dans les camps de travail du Goulag â ces quelques chiffres donnent la mesure de cette guerre antipaysanne inavouĂ©e, Ă©voquĂ©e tout au plus comme une campagne visant Ă liquider les koulaks en tant que classe ». En quelques annĂ©es, la rĂ©sistance de la paysannerie est brisĂ©e la police politique recensa 13 700 Ă©meutes et manifestations de masse » en 1930, 2 800 en 1931, 2 400 en 1932, moins de 300 en 1933 ; le pourcentage des foyers collectivisĂ©s, sous la pression, dĂ©passe, en 1935, 90 p. 100. Cette annĂ©e-lĂ , l'Ătat prĂ©lĂšve directement plus de 45 p. 100 de la production agricole, soit proportionnellement trois fois plus qu'en 1928, malgrĂ© une baisse significative des productions de l'agriculture â 15 p. 100 et de l'Ă©levage â 40 p. 100.Cette extorsion de la production agricole, au prix de disettes et d'une grande famine, permet d'approvisionner Ă bas prix la population urbaine et contribue au succĂšs d'un certain modĂšle de dĂ©veloppement industriel, fondĂ© sur un trĂšs gros effort d'investissement rĂ©alisĂ© aux dĂ©pens de l'amĂ©lioration du niveau de vie de la population, et sur une course Ă la production obtenue Ă la suite d'une trĂšs forte pression productiviste Ă caractĂšre rĂ©pressif. PrioritĂ© absolue est accordĂ©e Ă l'exploitation de matiĂšres premiĂšres et de sources d'Ă©nergie, Ă la production de biens d'Ă©quipement plutĂŽt qu'Ă la production de biens de consommation. En dix ans, l' se dote d'une puissante industrie lourde et d'une industrie de guerre, qui contribueront de maniĂšre dĂ©cisive Ă la victoire militaire des armĂ©es soviĂ©tiques dans la deuxiĂšme phase 1943-1945 de la Seconde Guerre grande force de Staline est d'ĂȘtre parvenu Ă incarner, pour les communistes mais aussi pour de larges fractions de la sociĂ©tĂ© soviĂ©tique, une certaine idĂ©e de la modernisation d'un pays encore majoritairement paysan et agricole Ă la fin des annĂ©es 2 3 4 5 âŠpour nos abonnĂ©s, lâarticle se compose de 10 pagesAfficher les 7 mĂ©dias de l'articleĂcrit par directeur de recherche au CNRSClassificationHistoirePersonnages historiquesPersonnages historiques, 1920-1945HistoireHistoire chronologieHistoire, xxe s. et xxie et Europe de l'EstHistoireHistoire par rĂ©gions et paysHistoire de l'Europe centrale et orientaleRussie, histoireAutres rĂ©fĂ©rences STALINE JOSEPH VISSARIONOVITCH DJOUGACHVILI dit 1879-1953 » est Ă©galement traitĂ© dans LE JEUNE STALINE S. Sebag MontefioreĂcrit par Nicolas WERTH âą 1 090 motsAprĂšs le succĂšs mondial de Staline la cour du Tsar rouge, le journaliste britannique, romancier et prĂ©sentateur de tĂ©lĂ©vision Simon Sebag Montefiore s'est attaquĂ© Ă la jeunesse du futur dictateur dans Le Jeune Staline Calmann-LĂ©vy, Paris, 2008. DĂšs l'introduction, l'auteur annonce son parti pris de narrer par le menu la vie intime et secrĂšte » de [âŠ] Lire la suiteANTISĂMITISMEĂcrit par Esther BENBASSA âą 12 226 mots âą 9 mĂ©dias Dans le chapitre L'Europe de l'Est » [âŠ] AprĂšs la guerre, pour la premiĂšre fois de leur histoire en Europe de l'Est, des juifs accĂšdent au pouvoir politique. Dans ces rĂ©gions dĂ©truites par la guerre et sous domination soviĂ©tique, avec une partie importante de ses nouveaux cadres dirigeants issue de la rĂ©sistance juive, les conditions Ă©taient rĂ©unies pour nourrir largement l'antisĂ©mitisme populaire. L'opposition anticommuniste, encore rep [âŠ] Lire la suiteANTONOV-OVSEĂENKO VLADIMIR ALEXANDROVITCH 1884-1938Ăcrit par Claudie WEILL âą 418 mots Fils d'officier, Antonov-OvseĂŻenko entre Ă l'Ă©cole des cadets de Voroneje. Il quitte l'armĂ©e, adhĂšre dĂšs 1901 au mouvement rĂ©volutionnaire et se rapproche des mencheviks en 1903. Lors de la rĂ©volution de 1905, il est l'un des experts militaires de la social-dĂ©mocratie russe. Il essaye de soulever deux rĂ©giments d'infanterie en Pologne, mais Ă©choue. Il acquiert ainsi une expĂ©rience certaine de l'ag [âŠ] Lire la suiteBERIA LAVRENTI PAVLOVITCH 1899-1953Ăcrit par Georges HAUPT âą 273 mots Tout-puissant chef de la police soviĂ©tique, Lavrenti Pavlovitch Beria a Ă©tĂ© pendant de longues annĂ©es le bras droit de Staline. NĂ© en GĂ©orgie dans une famille de paysans, Beria adhĂšre au Parti communiste en 1917 Ă Bakou, oĂč il obtient son diplĂŽme d'architecte en 1919. En 1921, il entre dans la TchĂ©ka qui devient GuĂ©pĂ©ou l'annĂ©e suivante et travaille en TransbaĂŻkalie et en GĂ©orgie jusqu'en 1931 ; i [âŠ] Lire la suiteBLĂCHER VASSILI KONSTANTINOVITCH 1890-1938Ăcrit par Michel HOANG âą 786 mots Issu d'un milieu de paysans, BlĂŒcher, qui exerce de multiples petits mĂ©tiers, est emprisonnĂ© de 1910 Ă 1913, vraisemblablement pour incitation Ă la grĂšve. La Grande Guerre en fait un officier mobilisĂ© dans l'armĂ©e du front sud-ouest. HospitalisĂ© entre 1915 et 1916, il reprend bientĂŽt du service comme volontaire et commande un dĂ©tachement de gardes rouges dans la rĂ©gion de l'Oural. Faisant preuve d [âŠ] Lire la suiteBOLCHEVISMEĂcrit par Georges HAUPT âą 7 569 mots âą 7 mĂ©dias Dans le chapitre Le bolchevisme au pouvoir » [âŠ] La rĂ©volution de 1917 marqua le grand tournant de l'histoire du bolchevisme. Et d'abord, elle le fit connaĂźtre, aussi bien en Russie que dans le monde entier. Pour les masses populaires russes soulevĂ©es, le mot de bolchevisme prend la valeur d'un drapeau, d'un emblĂšme [...]. Au mot de bolchevisme » on associe une notion de force, au mot de menchevisme » une notion de faiblesse » Berdiaev. [âŠ] Lire la suiteBOUKHARINE NICOLAS IVANOVITCH 1888-1938Ăcrit par Pierre FRANK âą 1 673 mots âą 1 mĂ©dia Dans le chapitre Ă la droite du parti » [âŠ] Vers la fin de l'annĂ©e 1920, face aux difficultĂ©s nĂ©es notamment du problĂšme paysan, on assiste chez Boukharine au dĂ©but d'une Ă©volution. Ă cette Ă©poque aussi, il se prononce pour des mĂ©thodes de direction plus rigoureuses ; il appuie Trotski contre LĂ©nine dans la discussion sur la question syndicale il prĂ©conise entre autres une mobilisation pour la production », par l'intermĂ©diaire des synd [âŠ] Lire la suiteBOULGAKOV MIKHAĂL AFANASSIĂVITCH 1891-1940Ăcrit par Françoise FLAMANT âą 2 770 mots Dans le chapitre Une Ćuvre surveillĂ©e, censurĂ©e, ensevelie » [âŠ] NĂ© Ă Kiev, Boulgakov y mĂšne jusqu'en 1916 une vie non exempte de chagrins la mort de son pĂšre en 1907 et de soucis des amours contrariĂ©es, un premier mariage alors qu'il est encore Ă©tudiant, mais rĂ©trospectivement idĂ©alisĂ©e. Le cadre familial, provincial et cultivĂ©, de cette vie lui convient, ainsi que le rĂ©gime tsariste dont s'accommode fort bien l'intelligentsia enseignante et mĂ©dicale, d'or [âŠ] Lire la suiteCHINE, histoire, de 1949 Ă nos joursĂcrit par Jean-Philippe BĂJA, François GODEMENT âą 19 155 mots âą 14 mĂ©dias Dans le chapitre Mao Zedong Ă Moscou » [âŠ] SoviĂ©tiques et communistes chinois avaient un passĂ© chargĂ© Ă apurer. La lourdeur, et en mĂȘme temps les volte-face et les maladresses, de Staline et des bolcheviks dans la conduite des affaires chinoises de 1920 Ă 1929 aprĂšs cette date, ils perdirent tout contrĂŽle du Parti communiste chinois, les exigences diplomatiques de la construction du socialisme dans un seul pays » par l'Union soviĂ©tique [âŠ] Lire la suiteCHOSTAKOVITCH DMITRI 1906-1975Ăcrit par AndrĂ© LISCHKE âą 2 822 mots âą 1 mĂ©dia Dans le chapitre AprĂšs Staline » [âŠ] L'annĂ©e 1953 voit la disparition simultanĂ©e de Prokofiev et de Staline, morts tous deux le 5 mars. Elle est Ă©galement marquĂ©e par une des symphonies les plus importantes de Chostakovitch, la Symphonie n o 10 op. 93 ; son violent second mouvement Allegro serait une Ă©vocation de Staline, tandis que dans le suivant, Allegretto , apparaĂźt un motif de quatre notes â rĂ©, mi bĂ©mol, do, si â corre [âŠ] Lire la suiteVoir aussiCOLLECTIVISATIONDĂPORTATIONS & TRANSFĂREMENTS DE POPULATIONSFAMINESHISTOIRE ĂCONOMIQUEKOLKHOZPOLITIQUE ĂCONOMIQUEPOLITIQUE INDUSTRIELLERĂPRESSIONLes derniers Ă©vĂ©nements7 avril 2010 Russie â Pologne. CommĂ©moration des victimes de Katyn Le Premier ministre russe Vladimir Poutine et son homologue polonais Donald Tusk participent, dans la forĂȘt de Katyn, dans l'ouest de la Russie, Ă une cĂ©rĂ©monie commune sans prĂ©cĂ©dent organisĂ©e Ă l'occasion du soixante-dixiĂšme anniversaire de l'assassinat de vingt-deux mille officiers polonais par les SoviĂ©tiques, en ce mĂȘme lieu, sur ordre de Staline. [âŠ] Lire la suite16 juillet 2001 Russie â Chine. Signature d'un traitĂ© d'amitiĂ© et de coopĂ©ration Le prĂ©sident russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Jiang Zemin, en visite en Russie, signent, Ă Moscou, un traitĂ© d'amitiĂ© et de coopĂ©ration pour vingt ans, le premier du genre depuis le texte signĂ© par Staline et Mao en fĂ©vrier 1950. Le traitĂ© illustre le nouvel ordre international » que Moscou et PĂ©kin appellent de leurs vĆux; il prĂ©voit la rĂ©solution des diffĂ©rends bilatĂ©raux par des moyens exclusivement pacifiques, ainsi que le dĂ©veloppement de la coopĂ©ration Ă©conomique et militaro-technique ». [âŠ] Lire la suite1er-29 fĂ©vrier 2000 Russie. Chute de Grozny et poursuite des combats et des exactions Le 23, jour anniversaire de la dĂ©portation des TchĂ©tchĂšnes par Staline, en 1944, MĂ©decins du monde, seule organisation non gouvernementale prĂ©sente en TchĂ©tchĂ©nie, publie un rapport accablant pour les troupes russes sur la situation des droits de l'homme dans la RĂ©publique autonome. Le 28, AndreĂŻ Babitski, rĂ©apparu au Daghestan, est inculpĂ© d' usage de faux documents » et ramenĂ© Ă Moscou. [âŠ] Lire la suite8-20 juillet 1994 CorĂ©e du Nord. Mort du prĂ©sident Kim Il-sung ProtĂ©gĂ© de Staline dont les troupes occupent le nord de la CorĂ©e en 1945, Kim Il-sung, combattant de la rĂ©sistance antijaponaise, devient Premier ministre en 1948 et accĂšde Ă la prĂ©sidence du Parti du travail en 1949. AprĂšs la guerre avec la CorĂ©e du Sud, il conforte son pouvoir un moment Ă©branlĂ© par la vague de dĂ©stalinisation et Ă©limine ses adversaires. [âŠ] Lire la suiteRecevez les offres exclusives Universalis
PourHannah Arendt, le fascisme italien ne fut pas un rĂ©gime totalitaire. Cette interprĂ©tation, dont l'influence a Ă©tĂ© considĂ©rable sur les Ă©tudes consacrĂ©es au fascisme, est soumise ici Ă
L`URSS de Staline, Un rĂ©gime totalitaire. LâURSS de Staline, Un rĂ©gime totalitaire. LĂ©nine prend le pouvoir en 1917, aprĂšs un coup dâĂ©tat menĂ© contre le Tsar. Peu de temps aprĂšs il fonde lâURSS Unions des RĂ©publiques Socialistes et SoviĂ©tiques, mais meurt en 1924. Il fut succĂ©dĂ© par celui qui se dit ĂȘtre son fils spirituel », Joseph Staline. Comment lâURSS est-elle devenue un rĂ©gime totalitaire ? Dans le testament de LĂ©nine, Staline est trop brutal pour arriver Ă la tĂȘte du pouvoir. Mais ce dernier fut nommĂ© par les communistes et leur assemblĂ©e appelĂ©e Soviet. Le principal rival de Staline est Trotski, mais il lâĂ©limine en le bannissant de lâURSS en 1929 et le fait assassiner au Mexique en 1940. Il devient alors le SEUL chef de lâURSS. Quiconque sâopposant Ă lui, passe devant un tribunal improvisĂ©, TroĂŻka, et est exĂ©cutĂ© ou envoyĂ© en SibĂ©rie dans les goulags. Le NKVD ou police politique installe la Terreur, mais la population en dit rien car elle travaille. Staline crĂ©e un plan quinquennal, plan qui dure cinq ans. Son principal objectif, transformer lâURSS en pays industriel ainsi que dâĂ©liminer ceux qui possĂšdent des biens exploitables et qui rĂ©cupĂšrent les bĂ©nĂ©fices, ce sont les propriĂ©taires ou Ă©lĂ©ments capitalistes. Lâagriculture deviendra un travail collectif, la grande agriculture collective ». Alors les produits achetĂ©s par lâĂ©tat sont revendus plus chers. Ces bĂ©nĂ©fices financeront lâindustrialisation. En 1940, lâURSS est la 3Ăšme puissance industrielle, grĂące Ă la propagande qui met en valeur la mĂ©tallurgie et Stakhanov, un mineur devenue par la suite ministre ainsi que la construction du plus grand barrage du monde sur la Dniepr, en 1932. Cela donne une image trĂšs belle de son Ă©tat. Le canal de la Mer Blanche a coutĂ© la vie Ă 10 000 prisonniers venant des Goulags, inutilement car la construction ne fut pas assez profonde. Câest une image moins belle, mais qui restera secrĂšte. Staline crĂ©a deux sortes dâexploitations pour lâagriculture. Le Kolkhoze, câest la collectivitĂ© des rĂ©coltes, la production. Le Sovkhoze, câest une ferme dâĂ©tat oĂč les paysans sont salariĂ©s et heureux. La famine sâinstalle en Ukraine et cause la mort de 3 millions de personnes. Le rĂ©gime totalitaire de Staline repose sur trois piliers - Parti politique unique, qui est le parti communiste. LâĂ©tat dirige tout. LâĂ©conomie est commune, il nây a plus aucune propriĂ©tĂ©. - Toutes les entreprises appartiennent Ă lâĂ©tat. Les salaires sont Ă©gaux, lâĂ©conomie est alors dirigĂ©e. - La mise en place dâune dictature, la population nâa plus aucune libertĂ©, et la Terreur est appliquĂ©e par la police politique. Staline cherche Ă rendre tous ses citoyens Ă©gaux de nouveaux hommes avec des idĂ©es communistes. Staline est celui qui dirige son rĂ©gime totalitaire, il est le Guide. Il est Ă la tĂȘte du parti communiste qui deviendra par la suite un parti unique. Les informations sont contrĂŽlĂ©es par lâĂ©tat câest la propagande, des articles seront supprimĂ©s afin de ne pas le nuire, câest la Censure. La nation accepte Staline et ne dit rien car elle travaille, câest lâembrigadement de la sociĂ©tĂ©. LâĂ©conomie est dirigĂ©e par lâĂ©tat. Staline est vĂ©nĂ©rĂ©, câest alors le culte de la personnalitĂ©. La Terreur sâinstalle car toutes personnes peuvent ĂȘtre dĂ©noncĂ©es. Ceux qui sont contre ses idĂ©es et directement contre lui, seront arrĂȘtĂ©s par la police politique ou NKVD, ils passeront devant un TroĂŻka et seront dĂ©portĂ©s en SibĂ©rie dans les Goulags. Staline a mis en place un Ă©tat totalitaire, il contrĂŽle toute sa population, grĂące au travail, Ă lâobĂ©issance et parfois grĂące Ă la force. Il modernise son pays et a mis de cĂŽtĂ© lâagriculture. Il inspirera Hitler pour la mise en place de sa dictature.
LexpĂ©rience soviĂ©tique stalinienne prend appui sur des bases totalitaire posĂ©es par LĂ©nine. Le projet de transformation de la sociĂ©tĂ© envisagĂ© par LĂ©nine puis par Staline se rĂ©alise dans la violence. La mise en Ćuvre du rĂ©gime totalitaire nazi, quant Ă lui, a pour cadre la sĂ©vĂšre crise Ă©conomique qui frappe lâAllemagne comme