Si j’avais beaucoup aimé The Yards, We Own The Night c’est encore d’un autre niveau. J’ai l’impression que Gray a tout compris de ce qui marchait dans son précédent film et a mis un bon coup de boost pour arriver à ce que je considère comme un grand film et l’un de mes polars urbains préférés, au point de titiller Michael Mann. Tout est centré autour du personnage de Joaquin Phœnix, cette fois le rôle central et qui est assez déchirant. On a le motif de l'hésitation entre deux vies, celle de la rue, des boîtes de nuit et des trafics en tous genres d'un côté, et de l'ordre et de la loi de l'autre, incarnée par son père et son frère. Tout est relativement classique mais exécuté avec une vraie maîtrise, notamment dans sa relation avec sa famille, sujet que Gray maîtrise désormais à la perfection. Parce que la relation conflictuelle avec le père, ce complexe d’infériorité vis-à-vis du frère qui remporte toute la fierté paternelle, c’est ultra attendu mais l’écriture traite ça avec finesse, crée des scènes de drame familial vraiment belle, et le film trouve un magnifique équilibre entre ses trois acteurs principaux. On peut rajouter le versant romantique tant Gray trouve un naturel et une intimité justes entre Phoenix et Eva Mendes, dont je ne suis pas excessivement fan par ailleurs mais qu’est-ce que j’ai aimé son personnage. Je rajouterais que, si le film se repose comme The Yards sur un ton assez intime, le film est parsemé de moments où l’adrénaline monte et où la tension explose, l’occasion pour Gray de montrer l’étendue de ses talents de metteur en scène avec notamment une course-poursuite plutôt original dans son filmage et son montage et qui prend vraiment aux tripes, ou encore cette confrontation finale en forme de duel épique. Et encore une fois, l’ambiance majoritairement nocturne, l’atmosphère newyorkaise des années 80, tout cela est retranscrit à la perfection. Du grand cinéma américain contemporain, juste rien à y redire. Message édité